Quand Paris invite Jerez

Le 26 janvier dernier, la Compagnie Flamenca ¡ Ay Castaña ! a présenté son spectacle Manos Sonoras au théâtre Clavel, situé dans le 19ème arrondissement de Paris, salle qui ne lui était pas inconnue puisqu’elle s’y était déjà produite quelques mois auparavant. A cette occasion, les danseuses Adela Camille et Emilie Pathenay ont choisi de faire appel au chanteur Juan de la María, venu tout droit de Jerez, offrant ainsi aux Parisiens et Parisiennes la possibilité de découvrir pour la première fois ce jeune chanteur à la carrière prometteuse.

Du quartier de la Asunción à Tokyo, un parcours singulier

Né à Jerez de la Frontera en 1989 dans le quartier de la Asunción, Juan Peña, également connu sous le nom de Juan de la María, grandit dans une famille qui lui transmet son amour du flamenco dès son plus jeune âge. Que ce soit en écoutant sa mère chanter à la maison, ou lors de réunions de quartier où chacun peut participer en dansant, en jouant ou en chantant, Juan acquiert peu à peu les connaissances nécessaires pour s’affirmer en tant que chanteur de flamenco.

Autodidacte, cherchant à exprimer la pureté à travers un chant personnel, de ceux qui « sortent des entrailles », Juan s’attache à transmettre un flamenco accroché à ses racines, et n’oublie pas ceux qui ont été et sont toujours ses référents : Antonio Núñez « Chocolate », Antonio Mairena, Caracol, Terremoto, Juan Moneo « El Torta », Camarón…entre autres.

C’est dans les Tabancos de Jerez (sortes de petites tavernes typiques de la ville) que Juan commence à se faire connaître. Suivront alors de nombreuses collaborations qui lui permettront de gagner rapidement en expérience et en reconnaissance, notamment avec des artistes tels que Miguel Lavi et Antonio Reyes (chant), Paquito León et Juan Manuel Moneo (guitare), ou encore Beatriz Morales, el Farru, el Torombo et Pepe Torres (danse).

C’est en cultivant sa passion et grâce à une détermination sans faille que Juan a ainsi pu accéder à l’un des tablaos les plus reconnus de Séville, « Los Gallos », et qu’il a récemment eu l’occasion de se produire au Japon, durant une tournée de deux mois aux côtés d’artistes sévillans.

Une rencontre professionnelle au coeur de la vie de Jerez

Se former professionnellement au baile flamenco ne se résume pas seulement à des cours et à des entraînements. C’est en cherchant la moindre manifestation de cet art, spontanée ou non, que l’apprentissage prend tout son sens, et qu’il est même nourri.

A Jerez, Adela et Emilie ne perdent donc jamais une occasion de se rendre dans les différents tabancos et peñas de la ville pour découvrir et écouter les artistes locaux. C’est ainsi qu’elles font la connaissance de Juan, souvent à l’affiche de ces lieux où se conjuguent convivialité et afición, et où faire connaissance avec les protagonistes est chose naturelle. Touchées par la voix du chanteur tout comme par son charisme, elles lui proposent à plusieurs reprises de les accompagner lorsqu’à leur tour elles sont amenées à se produire dans ces lieux de proximité.                                                               

Mais ce n’est que plus tard, en octobre 2018, que leur collaboration se confirme, quand les deux danseuses le choisissent pour enregistrer le teaser du premier spectacle de la Compagnie ¡ Ay Castaña !, Manos Sonoras. La vidéo sera par ailleurs tournée à la peña Los Cernícalos, lieu emblématique d’un flamenco traditionnel si cher à ce chanteur et à la compagnie elle-même.

Depuis, et notamment après une représentation à Séville en septembre 2019, où elles avaient à nouveau pu compter sur la présence du chanteur, Adela et Emilie avaient nourri l’espoir de le faire venir un jour à Paris…

Jerez à l’honneur dans un spectacle riche en émotions

C’est donc avec enthousiasme que la compagnie a annoncé dès le mois de décembre la venue de Juan de la María lors de son prochain spectacle. La représentation du 26 janvier au théâtre Clavel a ainsi été l’occasion pour un public venu nombreux de découvrir une voix et une personnalité authentiques.

Après une pièce originale des deux danseuses « a palo seco » (sans guitare ni chant), les spectateurs ont pu assister à un spectacle dans la plus pure tradition du flamenco, celle qui fait la part belle à la voix et à la connivence entre le chant, la guitare et la danse.

Autant à l’aise dans des palos profonds comme la siguiriya ou le fandango que dans des styles festifs tels que les tangos et la bulería, généreux avec le public tout comme avec ses compagnons de scène, Juan a su, à travers leur expression la plus pure, faire résonner les valeurs culturelles et historiques d’un flamenco qu’il respecte et chérit.

Son énergie débordante et la sincérité dont il a fait preuve dans l’expression de ses émotions ont ainsi conquis le public et conforté les membres de la compagnie dans leur volonté de poursuivre leur collaboration avec un chanteur pour qui le flamenco est devenu une raison de vivre.

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